top of page

Débat d'entre-deux tours : Valls ou Hamon ?


Mercredi a eu lieu le débat de l’entre-deux tours de la primaire de la gauche, opposant ou réunissant Manuel Valls et Benoit Hamon. Débat historique selon M. Valls, et simple enjeu concernant le rôle de la gauche aux présidentielles selon M. Hamon, sera-t- elle simple figurante ou réel rempart face à la droite conservatrice ou extrême ? Guidé par Alexandra Bensaïd, Gilles Bouleau et David Pujadas, parlons un peu de ce débat à la veille du verdict final.

Que s’est-il donc passé, lors de la soirée du 25 janvier 2017, sur ce plateau télévisé ? Les émissaires de France 2, France Inter, et TF1 ont joué leur rôle à cœur entre encadrement du débat et petites provocations à l’encontre des deux candidats.

L’utopiste favori des gauchistes et le grand pragmatique victime du « tout sauf Valls » ont cependant affiché une certaine alliance ainsi que du pacifisme lors du débat, sûrement dans le but de nous faire croire à une gauche réunie. Pacifisme qui n’était pas vraiment au rendez-vous lors de la primaire de l’autre camp. Revenons alors sur les grandes idées des deux candidats et leurs divergences.

Il n’y aurait pas grand intérêt à retranscrire une nouvelle fois le débat entier de manière analytique, comme les médias et la presse ont pu le faire les jours qui l’ont suivi. Dans les grandes lignes, voilà ce qui en ressort : un Benoit Hamon confiant, un Manuel Valls un peu moins serein, des journalistes pseudo-intransigeants.

Cependant un désaccord marque le début du débat, et plus précisément un désaccord sur un grand sujet actuel et polémique : le travail. Benoit Hamon penche pour une réduction du temps de travail tandis que Valls entend défiscaliser les heures supplémentaires, et par conséquent : les encourager. Celui-ci s’oppose dans un premier temps, de façon catégorique, au « revenu universel » proposé par Benoit Hamon. Il prône en effet une « société du travail » et considère que c’est un message de découragement que de dire aux Français qu’ils travailleront moins demain et pourront s’en contenter en compensant leurs ressources par ce revenu universel. Et c’est sur ce point que la première allusion à l’échec du quinquennat d’Hollande fait surface, comment Manuel Valls peut-il croire à une société du travail lorsque la France, pendant les cinq dernières années, n’a quasiment pas créé d’emploi ? David Pujadas émet alors la première petite provocation : n’est-ce pas cet échec qui donnerait des arguments à Benoit Hamon ? Monsieur Valls sourit en réponse et avance que le travail ne disparaitra pas, il n’augmentera pas non plus, mais se transformera. Benoit Hamon soutient de son côté que la révolution numérique détruit bel et bien du travail, et continuera si nous ne l’accompagnons pas et ne modifions pas la répartition inégale du travail. Le pacifisme des deux candidats, évoqué précédemment, fait cependant son apparition lorsque Manuel Valls valide l’innovation et l’imagination incarnées par son « adversaire », qu’il juge nécessaires.

Toujours est-il que ce qui différencie réellement les deux candidats, n’est pas leurs désaccords sur les questions de terrorisme ou de laïcité, ni leur accord sur les questions environnementales. Alexandra Bensaïd l’a d’ailleurs souligné : « Pas de débat à avoir sur une gauche plus verte », et a poursuivi en lançant le débat sur d’autres sujets. Les électeurs qu’ils visent ne sont pas les mêmes et ce clivage se reflète dans le type de politique qu’ils entendent mener, ainsi que dans leur attitude lors de ce débat.

La diction et la posture des candidats entre alors en jeu : Manuel Valls fait figure d’autorité, et tous ses mots ont l’air d’être calculés, choisis dans un but précis ; Benoît Hamon apparaît posé, et ses paroles ont l’air plus naturelles, ce qui le rend potentiellement plus crédible que son « adversaire ».

L’opposition entre les politiques des deux hommes se fait par conséquent sentir. Une politique ferme et aux tendances conservatrices dans la continuité de ses fonctions de premier ministre, pour M.Valls. Mais il entend paradoxalement rompre avec le 49.3, aurait-il appris de ses erreurs ? Ou est-ce une simple manière de séduire les électeurs réticents ? De son côté, l’ancien porte-parole du Parti Socialiste entend mener une politique plus ouverte aux réelles attentes des classes moyennes et populaires – trop peu relatées dans les grands médias – ainsi qu’aux réels enjeux de notre époques tels que la révolution numérique ou encore l’écologie. Deux enjeux que Manuel Valls prend tout de même en compte, mais en étant probablement plus réaliste, comme par exemple concernant le remboursement des activités physiques que Benoit Hamon entend mettre en application dans le cadre d’une « politique de prévention de santé », ce qui apparaît comme un idéal.

Les bureaux de vote seront ouverts demain de 9h à 19h. Le résultat des votes tombera en ce dimanche 29 janvier 2017, on ne saurait dire s’il sera conséquent par rapport aux présidentielles qui approchent : les sondages évoquent un parti socialiste qui ne passera pas au second tour. Leur prestation lors de ce débat, malgré une plus faible audience que celle des Républicains, rentre tout de même dans la compétition.

bottom of page