Le débat de l'entre-deux-tours à la présidentielle a commencé sur les chapeaux de roues ce jeudi 3 mai à 21h sur les chaînes de TF1, France 2, BFM TV et CNEWS.
Marine Le Pen se présente d'abord de manière détendue voire courtoise mais attaque rapidement le candidat d'En Marche en assénant "Vous avez fait la seule chose que vous savez faire, c’est-à-dire aider les grands groupes”. Les deux candidats s'interpellent ensuite sur les motivations économiques de chacun.
Marine Le Pen ne démord pas et accuse Emmanuel Macron de "défendre des intérêts privés, notamment ceux de [son] ami M.Drahi". Le candidat de 39 ans sort alors de ses gonds et réplique “Vous dîtes beaucoup de mensonges mais vous ne proposez rien", “Ne dîtes pas des bêtises, vous en dîtes beaucoup”.
Les deux journalistes qui animent l'émission ont bien du mal à s'imposer pour recadrer le débat. Sur les réseaux sociaux des blagues fusent :
Nathalie Saint-Cricq parvient enfin à donner le premier sujet à débattre qui est la durée du travail. Les deux candidats s'opposent sur la question. Mme Le Pen souhaite instaurer des accords par branche et "non par entreprises car je ne veux pas que les gros mangent les petit".
Désabusé Emmanuel Macron lui demande de le laisser expliquer lui-même son programme. Il explique ensuite que "les start-ups ou entreprises du BTP n’ont pas le même quotidien", il faut donc, selon lui, donner plus de marge de manœuvre à ces chefs d'entreprise.
Les candidats jouent ensuite au "moi je n'ai jamais fait cela", "moi je n'ai jamais fait ceci" et se coupent la parole constamment.
"Je suis la candidate du pouvoir d’achat, vous M. Macron vous êtes le candidat du pouvoir d’acheter"
Marine Le Pen
Sur l'impôt et le pouvoir d'achat, les candidats divergent d'opinion notamment sur la réforme des APL (Allocations pour le Logement). La candidate d'Au nom du peuple fait évoluer sa stratégie d'attaque en dévoilant un peu son programme pour mieux démembrer celui de son adversaire ensuite. Elle somme : "je veux que les moins de 27 ans puissent voir leur aide au logement augmenter de 25%”, “revenir à l’universalité des allocations familiales”, "Je suis la candidate du pouvoir d’achat, vous M. Macron vous êtes le candidat du pouvoir d’acheter, vous ne voyez les rapports humains que par rapport à ce que ça rapporte”.
Emmanuel Macron reprend la parole avec une voix très suave et beaucoup plus calme qu'avant pour contre-attaquer, "Mme Le Pen nous a fait une liste à la Prévert pour nous montrer sa générosité”.
Les punchlines cinglent entre les deux orateurs pendant que les sujets tels que la protection sociale et l'âge de la retraite sont évoqués.
“80% des médicaments sont fait à l’étranger, comme vous taxez les importations, le prix va considérablement augmenter [...] cela montre l'incohérence de votre programme”
Emmanuel Macron
C'est au moment de débattre sur le thème de la sécurité et du terrorisme que la candidate se fait la plus vindicative. Elle provoque l'ancien ministre de l'Economie en l'accusant d'être "complaisant face à l’islamisme", "ses dirigeants vous tiennent, c’est terrifiant !”.
Le candidat d'En Marche tente de se défendre en montrant que la stratégie de lutte contre le terrorisme de son adversaire n'est pas plausible. Expulser les fichés S étrangers hors des frontières françaises ne pourra pas permettre au gouvernement de les surveiller, "je veux renforcer le renseignement, que ce soit le renseignement cyber ou le contrôle des frontières ; il faut une coopération entre les Etats membres de l'Union". Il tient ensuite à souligner que sa concurrente a été "contre toutes les réformes européennes pour lutter contre le terrorisme”.
La fin du débat arrive et celui de la carte blanche aussi. Les journalistes doivent de nouveau hausser la voix pour faire comprendre aux candidats que le temps est imparti. Mme Le Pen met en avant son souhait de revaloriser la langue française à l'école ainsi que le sentiment patriotique alors que M. Macron invoque le droit des personnes handicapées. Le débat, qui a duré 2 heures 30, se finit avec un écart de 20 secondes de temps de parole en faveur de la candidate Front National.