Que penses-tu des trois propositions que Nicola Sturgeon, Premier ministre écossaise a décidé de présenter au gouvernement londonien ?
[Ces trois propositions étaient celles énoncées dans le premier article du dossier Ecosse : stratégie en 3 étapes : exiger que le Royaume-Uni reste dans le marché unique européen ;à défaut, demander que l’Ecosse y demeure, tout en restant partie intégrante du Royaume-Uni ; enfin, si cela n’est pas possible, elle demanderait l’indépendance, son option préférée.]
DONNIE : Je pense que la proposition pour que l’Ecosse ait un accord spécial qui serait différent des autres pays du Royaume-Uni est inévitablement vouée à l’échec. Je pense donc que les deux premières options ont été évoquées pour des raisons tactiques. En ce sens, lorsque ces deux propositions seront rejetées, Nicola Sturgeon pourra justifier sa demande pour un deuxième référendum.
BOBBY : Je pense qu’aucune de ces trois propositions n’arrivera au bout. Le gouvernement britannique a “promis” plus de pouvoirs à l’Ecosse mais ce sera seulement pour des sujets mineurs comme la régulation de la pêche par exemple.
BEN : Cela me paraît sensé que le Royaume-Uni tente de rester dans le marché unique européen mais cette hypothèse semble de moins en moins probable. Nous n’avons d’ailleurs jamais été réellement impliqués dans le marché unique car nous n’avons jamais adopté l’euro.
S’agissant de la 2ème proposition, il serait impossible pour l’Ecosse d’avoir une relation privilégiée avec l’Europe comparé au reste du Royaume-Uni tout en y restant. J’espère que l’Ecosse obtiendra un autre vote d’indépendance mais cela ne peut pas être décidé par le Parlement écossais, c’est à Westminster d’en décider et ce sera très compliqué.
Comment l'Ecosse voit-elle son futur après le Brexit ?
BOBBY : C’est une question complexe car environ un tiers du SNP (le parti pro-indépendance écossais) a voté pour le Brexit. Pourtant, beaucoup de personnes ayant voté pour l’indépendance écossaise sont aujourd’hui en attente d’avoir un nouveau référendum, mais ce n’est probablement pas la majorité de la population.
De plus, la majorité des produits exportés depuis l’Ecosse est revendue au reste du Royaume-Uni et non à l’Union Européenne. Mais d’un autre côté, le parti Conservateur britannique est très impopulaire en Ecosse et si le Brexit n’est pas une réussite, les conservateurs seront vraisemblablement blâmés pour cet échec et le soutien pour l’indépendance augmentera.
BEN : L’Ecosse ne peut pas avoir un impact important sur la politique nationale britannique dû à sa faible démographie. Plus de personnes vivent à Londres qu’en Ecosse. Ces 60 dernières années, le vote écossais n’a modifié la composition du gouvernement britannique qu’à deux reprises.
Je ressens tout de même un ressentiment en Ecosse concernant le peu d’impact que nos voix peuvent avoir sur le plan national et le Brexit n’a fait que développer ce sentiment. Je pense que l’on pourrait avoir un nouveau référendum en septembre 2018 et l’on aura alors deux options : rester au sein de l’UE et du Royaume-Uni, ce qui serait un traitement spécial ou sortir du Royaume-Uni pour rester un membre actif de l’UE.
Est-ce que tu penses qu'un deuxième référendum pour l'indépendance serait utile ?
DONNIE : Etant donné que le Brexit va considérablement modifier notre constitution et qu’une majorité d’Ecossais a voté pour rester au sein de l’UE lors du dernier référendum, je pense qu’il serait approprié qu’un second référendum pour l’indépendance soit tenu. Surtout que lors du premier référendum pour l’indépendance (2014), un des principaux arguments utilisé par le camp “Non” était que l’indépendance allait sans doute faire sortir l’Ecosse de l’UE.
BOBBY : Pour l’instant, je ne pense pas qu’il y ait un soutien suffisant au sein de la population. Je voterai tout de même “Oui” parce que je pense que l’Ecosse serait plus juste et plus ouverte si nous étions indépendant, même si nous aurions moins d’argent.
BEN : Oui je le pense. Malgré ce que peuvent dire de nombreux médias aujourd’hui, c’était une campagne très positive des deux côtés, surtour du côté “Oui”. Il y avait de vrais débats politiques et non pas seulement des politiques qui essayaient de jeter la pierre à leurs opposants. Un des beaux côtés du référendum est que ça permet aux gens de participer à la vie politique de leur pays. Les Ecossais parlaient du référendum au travail, au pub, à l’école. L’âge légal avait été descendu à 16 ans et les gens se sont vraiment intéressés au sujet. Le plus important était de débattre et non pas le choix politique de chacun. Je ne pense pas qu’un nouveau référendum pour l’indépendance écossaise diviserait les citoyens écossais.
Je pense qu’il est juste et démocratique de permettre aux Ecossais de choisir s’ils veulent rester dans l’UE avec la possibilité de rester au sein du Royaume-Uni ou non.