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Exposition à Aix-en-Provence : Marilyn, I Wanna Be Loved By You


Du 22 octobre 2016 au 1er mai 2017, le centre d'art de l'hôtel de Caumont se consacre à une exposition de rang. Marilyn, I Wanna Be Loved By You est une rétrospective photographique de la vie de Marilyn Monroe vue par les plus grands photographes de son époque.

En arrivant sur le lieu de l’exposition, il est aisé de comprendre qu’un voyage nous attend. Nous ne savons pas encore quelle direction il va prendre ni qu’elles vont être les modalités de transport mais nous sommes sûrs d’une chose c’est que nous serons accompagnés, accompagnés par Marilyn ou en tout cas par ce qu’elle a incarné c’est-à-dire par l’Amérique post Seconde Guerre Mondiale.

En effet, cette exposition surprend par le fait qu’elle ne s’arrête pas uniquement à nous dépeindre la vie d’une pin-up, d’une chanteuse, d’une actrice, d’un modèle mais bien la vie d’une enfant qui devient une femme plus complexe que l’image qu’elle renvoie au premier abord et uniquement au premier abord.

Il est vrai que cette exposition s’attache à nous montrer et même à nous démontrer (enfin c’est ce que j’ai cru comprendre) que Marilyn était autre chose qu’une simple icône représentant la société de divertissement qu’est celle de l’Amérique d’après-guerre avec l’essor d’Hollywood ou la construction du premier parc d’attraction Disneyland.

Ainsi, l’exposition est organisée autour de trois thèmes principaux pour faire comprendre au visiteur quels ont été les moteurs de la vie de Marilyn.

En effet, tout d’abord les commissaires ont trouvé important de faire découvrir ou redécouvrir l’ensemble de la chronologie de la vie du plus fameux sex-symbol de l’histoire en reliant les évènements marquants de sa vie à l’actualité qu’elle soit nationale ou internationale mais aussi aux innovations technologiques et sociales. La démarche est particulièrement intéressante dans la mesure où l’on comprend que Marilyn a pu servir de révélateur des avancées de l’histoire comme en témoigne le fait que son ascension accompagne l’essor même de la société de consommation et de divertissement.

De plus, cette chronologie met en avant le fait que même si Marilyn n’était pas une artiste engagée, elle a toujours conservé un lien avec la réalité qui était celle des Etats-Unis de l’époque. En ce sens on apprend qu’elle a servi l’effort de guerre américain pendant la seconde guerre mondiale en travaillant dans une usine tissant les toiles des parachutes ou qu’elle a pris le parti de la cause noire dans une Amérique encore hantée par la ségrégation. Cette première partie permet véritablement d’avoir une vue d’ensemble de la vie de Marilyn et ainsi de comprendre en partie son cheminement si torturé, son goût pour la provocation selon certains (elle a notamment posé nue dans un calendrier alimentant un scandale retentissant en 1955 lui permettant de faire sa première une pour le magazine Life) ou son goût pour le progrès, l’audace.

Enfance passée dans des familles d’accueil, elle n’était pas désirée par ses parents (son père ayant fui le foyer conjugal très tôt et sa mère étant instable psychologiquement qui a plusieurs fois été internée) on comprend ainsi pourquoi Marilyn a eu un rapport particulier aux hommes et a dû suivre plusieurs psychanalyses au cours de sa vie. Son rapport aux hommes est par ailleurs un autre élément marquant de l’exposition puisque cette dernière s’attache à montrer que sa vie s’est faite accompagnée par des hommes ce qui peut paraître surprenant dans la mesure où elle incarnait justement une liberté, une émancipation encore rare à l’époque (on apprend par exemple qu’elle a été mariée dès ses 16 ans et qu’elle n’a eu pas moins de trois maris le tout accompagné par des liaisons avec des personnalités).

Cependant, le cœur de l’exposition n’est pas de savoir avec qui Marilyn a eu ou non une relation mais bien de comprendre la construction du personnage de prime abord sans profondeur, volage même si en réalité ce n’est pas le cas.

C’est l’élément qui va par ailleurs structurer la deuxième partie. En effet cette dernière s’attache à montrer l’évolution de la pin-up vers l’actrice, vers l’artiste si touchante notamment dans Les Désaxés qui on le comprend constitue un tournant dans la vie de Marilyn étant un tournage très éprouvant, qui précède d’un an sa mort à seulement 36 ans en 1962. Dans cette partie les commissaires ont cherché à montrer d’une part la détermination de celle qui a toujours rêvé « plus fort » que les autres de devenir une actrice et d’autre part la relation intime qu’elle a toujours nouée avec les photographes.

Ainsi au travers de propos qui nous sont rapportées d’André de Dienes on remarque qu’elle a toujours aimé se faire prendre en photo, « shooter », aller dans les studios, proposer, créer, oser mais toujours en ayant conscience de ce qu’elle faisait. Il est vrai que les différents témoignages des photographes ayant accompagnés Marilyn (la plupart des hommes) expriment tous la même chose. En effet, ils montrent avant toute chose que Marilyn était un modèle incroyable captant la lumière, l’attention, les rendant pour la plupart fous, fous d’elle mais aussi de ce qu’elle arrivait à produire puisqu’en réalité c’est elle qui dirigeait les photographes. Il est vrai que ces derniers lui donnaient un cadre dans lequel elle devait s’exprimer mais en fait c’est elle qui faisait ce qu’elle voulait de ce cadre qui lui était offert, ce qui explique la beauté des photos qui sont dans l’exposition car elles laissent transparaître le style différent de chaque photographe certains préférant le portrait, d’autres le mouvement, certains en studios d’autres dans des paysages naturels et elles laissent également transparaître la palette incroyable que pouvait offrir Marilyn aussi belle au naturel que sophistiquée par des jeux de lumière, de maquillage, de texture.

L’exposition montre très bien que Marilyn aimait les photographes et que ces derniers le lui rendaient bien. En effet, le fait que l’exposition renvoie une atmosphère cosy renforcée par le fait que les pièces pour les deux premières parties ne soient pas excessivement grandes donne une expression encore plus significative au lien qui unissait Marilyn aux photographes.

La troisième et dernière partie retrace par ailleurs ce qui est communément appelée « la dernière séance » en parlant de la dernière séance de photographies qui a réuni Marilyn et Bert Stern et qui est une sorte d’apothéose pour l’un comme pour l’autre. Les commissaires ont fait le pari d’expliquer en profondeur le contexte de cette séance qui s’est étalée sur trois jours. Ainsi on apprend que l’année 1962 a été particulièrement dure pour Marilyn ayant rompu avec son dernier mari, fatiguée par le tournage des Désaxés, ayant dû faire face à la mort d’un de ses proches amis.

Or ce contexte particulier va expliquer le fait qu’au troisième jour de séance elle ne ressent plus l’envie qui était celle du premier jour et Bert Stern va prendre alors la décision de s’isoler seul avec elle dans une chambre et va prendre des photos fantastiques qui marqueront à jamais l’histoire de la photographie. Sur un total de 2571 photos seules 59 seront gardées par l’artiste et l’exposition nous en montre les plus belles.

Cette exposition est une véritable réussite puisqu’elle ne s’attache pas à parler des polémiques qui ont animé la vie de cette femme qui a incomparablement marqué son époque. Si je peux me permettre de formuler plus directement un avis, je serai tenté de dire que cette exposition est une véritable surprise dans le sens où en y allant je ne m’attendais pas à en ressortir en ayant d’une part aimé l’exposition en elle-même et d’autre part appris à connaître celle qui a été une femme d’exception du fait de la vie qu’elle a menée mais aussi une femme d’exception par son talent. J’ai été surpris par la beauté des photos mais aussi par le fait que Marilyn n’est pas une simple pin-up certes au charme incomparable mais une personne qui semble avoir voulu donner du sens à ce qu’elle aimait faire.

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