Sondages et démocratie semblent aller de paire. Ce régime si particulier, faisant appel directement au peuple, semble parfaitement adapté aux sondages d’opinion. Ces enquêtes seraient le moyen de donner une résonnance aux sentiments qui germent au sein de l’opinion publique.
Cependant, l’importance accordée à ces sondages est disproportionnée et malsaine. Un sondage ne remplace en aucun cas une élection ; pourtant, la façon dont ils sont construits et mis en avant semblent indiquer le contraire.
C’est précisément en ce point qu’ils deviennent dangereux, si ce n’est redoutables. Un sondage ne devrait rester qu’un indicateur. Or, aujourd’hui il s’est transformé en influenceur. C’est en ce sens que le premier débat des présidentielles a fait polémique. L'Émission du 20 mars sur TF1 a réuni uniquement 5 candidats, les 5 mieux placés dans les sondages. Cela pose problème d’une part dans le traitement médiatique équitable des candidats, quoi qu’en pense le Conseil d’Etat, et d’autre part, car il met en lumière les dérives possibles des sondages.
Ces dernières sont nombreuses. Les sondages d’opinion jouent un rôle essentiel dans la montée du populisme car même s’ils ne sont pas la source de ce phénomène il est indéniable qu’ils en sont un instrument indispensable. Il est clairement visible que les candidats populistes s’appuient sur ces sondages pour orienter leur campagne et aller dans le « sens du peuple », armé d’un discours démagogique dénué de toute réalité.
De plus, les sondages sont loin d’être un outil fiable. Comment ne pas évoquer alors les cas du Brexit, de Trump, de la victoire de Fillon aux primaires de la droite et du centre ou encore celle de Benoît Hamon à la primaire de la gauche. Autant d’exemples montrant l’incertitude des sondages.
Ils sont des marqueurs de dynamique mais en aucun cas la réalité d’une élection. En effet, lors d’une élection, une multitude de facteurs est à prendre en compte. Sensibilité personnelle, pression de l’entourage, autant de déterminants qui font du moment dans l’isoloir un instant à part pouvant remettre en cause tous les sondages.
Comme il a été souligné plus tôt, les sondages sont des révélateurs de dynamique or toute dynamique suppose un minimum d’implication. Si l’on prend pour exemple la campagne présidentielle française de 2017, on observe que l’abstention risque d’être particulièrement importante, laissant des marges de progression insoupçonnées pour les candidats qui, au final redistribuerait les cartes.
Une autre tare des sondages serait l’utilisation qu’en font les personnages politiques. Pour expliciter ce point, une étude de cas s’impose. A savoir celle de Nicolas Dupont Aignan, candidat de Debout la France pour la présidentielle. Crédité de 4% des intentions de vote, ce candidat arrive à la prouesse dans une même interview accordée à Jean Jacques Bourdin sur BFMTV cette semaine, à critiquer les sondages tout en se félicitant de la bonne dynamique qu’il dispose au sein de ces mêmes sondages. Schizophrénie en approche ou simple mauvaise foi, libre est l’interprétation. C’est en ce sens que les sondages sont un danger car ils permettent de justifier n’importe quoi et l’importance que les politiques leur confèrent est démesurée.
Bien qu’étant un outil pouvant se révéler utile, les sondages se doivent d’être relativisés tout comme l’importance qu’on leur donne.